Pour profiter pleinement de mon court weekend à Zakopane, je décide de me la jouer "rano ptaszek" (oiseau du matin), ou l'expression polonaise équivalente à être du matin ou se lever avec les poules ! Je suis la première de chambrée à avoir fait sonner son réveil !
Le plus discrètement possible (ceux qui me côtoient comprendront l'ironie^^), je me lève et me prépare. Du coup, je suis aussi la première au petit-déjeuner, le soleil tape déjà, j'espère que ça va aller pour la rando. Je trouve facilement un minibus mais pas de deuxième appareil-photo jetable. On fera avec !
On commence à grimper et à tourner dans les montagnes. Les routes sont presque désertes pour l'instant. On croise les carioles à cheval qui vont elles aussi se préparer pour la journée. Après une bonne demie-heure de serpentions nous descendons sur un parking près de l'entrée payante du parc national des Tatras. Je tente encore de dénicher un "aparat", sans succès. Par contre, j'achète enfin des cartes postales. Reste à savoir si j'aurais le temps de les envoyer avant mon retour sur Lebork. Je commence à marcher tranquillement mais décide d'accélérer la cadence lorsque je vois le temps estimé par les panneaux pour l'aller jusqu'au lac : 2h20 ! Aller-retour : 5h + pauses + un peu de temps sur place. Il ne faudrait pas que je rate mon train ce soir. Commence alors pour moi une journée à 300 à l'heure.
Les paysages deviennent très vite impressionnants. Sur les côtés s'alternent ravins vertigineux où reposent des dépouilles d'arbres, selon mon guide déchiquetés par le vent "foehn" qui tourbillonne dans ces crêtes, et immenses montagnes couvertes de sapins. Les pointes rocheuses forment tantôt drôles, tantôt effrayants. Je marche, je marche, avec le rythme des chants d'oiseaux et des écoulement d'eaux dont je n'arrive pas à situer l'origine. Il faut dire qu'entre les ruisseaux, les rivières, les cascades (portant le nom du poète Adam Mickiewicz) et autres filets qui ruissellent entre les pierres, on se sent forcément apaisée et au frais. Je suis aussi plus encouragée de voir des gens qui reviennent en sens inverse : c'est possible !
Je suis étonné de me sentir pousser des ailes au pied pour dépasser les gens, je me fais ma petite compétition en solo. Je me sens juste un peu frustrée de ne pas pouvoir fixer sur images ces sublimes panoramas. mais bon, je me fais en échange la promesse de revenir ici un jour, pourquoi pas en famille ! Je tire d'ailleurs mon chapeau aux enfants que j'ai vu ainsi qu'aux couples avec poussette !!
Les tentations de pauses sont nombreuses mais j'essaye de pousser mes limites physiques . La route asphaltée est remplacée à mi-chemin par des escaliers de pierre (naturels ou non, la question me taraude encore) à travers la forêt. Après les avoir franchis, je m'autorise un petit break de cinq minutes. Et c'est reparti. On se rapproche de plus en plus des crêtes rocheuses par endroits encore enneigées et je me sens de plus en plus petite... Je remonte petit à petit la piste du lac en longeant la rivière Bialka qui constitue la frontière naturelle entre la Pologne et la Slovaquie. Je crois parfois l'apercevoir tel un mirage, mais il ne s'agit que de petite mares bouillonnantes. La route est parsemée de fausses joies et espoirs. Chaque parking, bâtiment, groupements de toilettes me fait penser que le but est proche mais pas encore... C'est pourquoi, lorsque j'aperçois le bar situé au bord du lac, je ne réalise pas. Et soudain, voilà mon objectif se dresse dans mon optique : un ovale d'eau bleu azur au pied du massif. Je me pose en espérant ne pas être trop dérangée mais même si tôt dans la matinée (10h) le lieu grouille.
Je m'applique pour prendre mon seul et unique cliché restant. J'ai tenté d'autres avec le portable. Voici le massacre pour vous...
J'achète une bouteille de Powerade pour le "szila", des timbres, grignote deux-trois chocos et repars, un peu triste de laisser cet endroit magique derrière moi et en même temps super satisfaite d'avoir réalisé un de mes rêves que j'avais avant mon départ en Pologne. Le sourire aux lèvres, les jambes énergiques, je redescend en 1h15, 1h30 au lieu des 2h20 indiquées. Déjà, l'aller je l'avais fait en une grosse heure et demie.
Comme je l'avais planifié, je reprend le bus à 12h30, arrive à l'hôtel aux environs de 13h, je suis de retour à la gare avant 14h, chope un bus qui part à 14h pile et arrive à la gare de Cracovie à 16h30 ! Pas de trop longs temps d'attente ni de sprints en speed, j'ai le temps de faire tout ce que j'avais décidé : racheter de l'eau, manger une glace entre autres.
Mais il serait faux de dire que je n'ai pas stressé. Déjà le minibus attendait d'être rempli à bloc avant de rejoindre Zakopane. Puis, j'ai amrché et mangé à la fois pour assurer le coup. Et enfin, le bus pour Cracovie a été pris dans les bouchons, a fini par emprunter les petites routes et était bondé !
A ce propos, il me semble qu'en Pologne, aucun conducteur ne respecte les législations en termes de quotat de passagers : tant que les gens veulent monter, ils payent et on trouve un coin pour les caser avec leurs valises.
Voilà, je vous écrit maintenant en direct du train où s'est aussi le bazar. De nombreux wagons sont réservés par des classes partant en classe de mer ! Je me suis vue l'espace d'un instant dormir dans le couloir donc maintenant il a beau faire chaud, j'ai beau me sentir sale, toute poisseuse, être dans un wagon fumeur, près d'un wagon de jeunes mecs jurant à tout bout de champ et savoir que je n'aurais pas le temps de prendre une douche avant d'attaquer le boulot demain, JE SUIS CONTENTE !!!